Le bénévolat est un levier essentiel de la pérennisation de l’emploi sportif

22 Jan 2024 | Économie | 1 commentaire

S’il peut sembler paradoxal de recourir au bénévolat pour pérenniser l’emploi sportif, les faits le démontrent, la grande majorité des clubs qui ont réussi à s’affranchir des aides à l’emploi l’ont fait en développant le bénévolat.

Une question d’assiette …

L’explication principale est que pour pérenniser un emploi sportif, il faut être capable de générer suffisamment de recettes pour compenser l’arrêt des aides à l’emploi. Et plus vous disposez d’un nombre important d’adhérents, plus il sera facile de trouver les recettes pour financer la masse salariale.

Un éducateur sportif salarié ne peut à lui seul encadrer le nombre de licenciés nécessaires. Il se fait aider par des éducateurs bénévoles qui vont démultiplier son action sur le terrain.

Plus de cadres sportifs = plus de capacité d’accueil = plus de recettes

La nature du besoin d’emploi impacte la capacité de pérennisation

Il y a deux besoins qui sont à l’origine de la majorité des créations d’emploi.

Le besoin de développement. Lorsque l’association se développe régulièrement, il y a un seuil, généralement à partir de 160 licenciés, où les dirigeants ressentent des difficultés à trouver d’avantage d’entraineurs bénévoles. Dans ce cas de figure, les activités proposées, les structures et la philosophie du club sont en phase avec les attentes des licenciés. La croissance est régulière et le besoin d’emploi est une suite logique qui permettra un développement de l’association.

Pallier le manque de bénévoles. Le deuxième cas de figure est assez courant. L’association vivote depuis plusieurs années et à l’occasion d’un changement de dirigeant, l’idée nait de créer un poste pour soulager l’équipe bénévole en place. On crée de la capacité d’encadrement mais le besoin n’existe pas. Il faudra alors bien plus de temps pour relancer la dynamique de club. Sauf à ce que la personne recrutée apporte avec elle un renouveau des méthodes ou des activités de manière à rendre le club plus attractif qu’il n’était précédemment. En tout état de cause la durée de l’effort de pérennisation dépasse alors les 3 ans.

Des aides à l’emploi indispensables

Les aides à l’embauche d’un éducateur sportif existent toujours. L’aide la plus appropriée est aussi celle dont la durée et le montant sont les plus important. Le dispositif Création Emploi ANS est financé par l’ANS et instruit par la DRAJES de votre région. Je donne ici un lien vers le site de l’académie de la région Normandie, mais vous trouverez l’équivalent dans votre région. Les demandes sont généralement à déposer avant la mi-mai de chaque année.

Il en existe d’autres, notamment du côté des collectivités régionales ou départementales. Quand elles existent, ce sont plutôt des aides dites de consolidation. Renseignez-vous avant de déposer le premier dossier. Il vaut mieux présenter des cofinancements.

Ces aides sont nécessaires pour donner le temps à l’association d’absorber une augmentation massive de charges fixes. De l’ordre de 25 000 euros par an, pour un emploi à temps plein. Pour une association 100% bénévole, c’est souvent un défi immense. Parfois à la hauteur de près de la moitié du budget du club.

Une aide type emploi ANS va vous aider à hauteur de 12000 euros par an, pendant un maximum de trois ans. Cela facilite la transition vers un nouveau modèle économique. Mais elle ne fait pas tout. Il faut anticiper sa fin programmée.

Comment financer la masse salariale ?

C’est LA bonne question ! Généralement on cherche des recettes supplémentaires : plus d’adhérents et plus de recettes extra-sportives. Qu’on le veuille ou non, le réflexe est de vouloir faire plus que ce que nous faisions auparavant. C’est une erreur car une embauche va créer un bouleversement du point de vue de la nature des dépenses du club.

Vous allez passer de dépenses qui sont globalement proportionnelles au nombre de licenciés à des dépenses qui seront constantes quelle que soit votre niveau d’activité. Et ces dépenses vont immédiatement devenir majoritaires. Il n’existe pas de recette « fixes » pour les associations.  Le but des aides à l’emploi est justement d’aider à la réalisation de cette transition pour développer des recettes fiables et durables.

Le rôle du bénévolat dans le processus de pérennisation

La nature de la dépense emploi doit idéalement financée par des recettes fiables et durables. Les cotisations et adhésions sont les recettes qui sont par nature les plus fiables. Elles proviennent de votre cœur d’activité. Toutes les autres recettes, subventions incluses, ont un degré de fragilité plus élevé, ne serait-ce que par qu’elles sont décidées par des structures ou des personnes extérieures à l’association.

Si l’association veut développer des ressources fiables et durables, c’est avec les adhérents qu’elle peut y parvenir. Pour accueillir plus d’adhérents il faut que l’encadrement suive. Si l’éducateur sportif salarié va pouvoir absorber la première augmentation du nombre de licenciés, il peut à son tour être saturé.

Le club devra donc dès l’intention de la création d’un emploi, envisager de développer le nombre d’adhérents, et la façon dont il va encadrer correctement ces nouveaux adhérents. Planifiez votre montée en charge. Réfléchissez à la façon dont vous allez augmenter le nombre de cadres sportif bénévoles.

Je dis toujours qu’il n’existe pas de recette universelle, mais l’expérience me permet de dire qu’un éducateur salarié peut raisonnablement être secondé par trois cadres bénévoles. Cela représentera souvent l’équivalent d’un demi-poste équivalent temps plein, mais sans charges salariales. Les éventuelles indemnités kilométriques versées aux cadres bénévoles sont bien loin du montant d’un poste salarié et sont proportionnelles au niveau d’activité du club. Elles n’impacteront pas autant le budget qu’un poste salarié.

Le cas des agents de développement

Il est parfois tentant de recruter un jeune en tant qu’agent de développement. Le problème est que c’est un poste qui ne génère pas directement de la richesse pour l’association. Je m’explique : Un cadre sportif peut immédiatement encadrer des licenciés et donc faire entrer de nouvelles cotisations dans les caisses.

L’agent de développement doit attirer des adhérents ou vendre des prestations. Mais ce sont d’autres personnes qui vont encadrer les sportifs ou qui vont réaliser les prestations vendues. Autrement dit son salaire sera financé indirectement par les cadres sportifs. C’est une charge supplémentaire qui n’a de sens que si l’association dispose d’infrastructures spécifiques à son entière disposition et quelle a la possibilité d’organiser des prestations complémentaires et autour de la pratique sportive.

La pérennisation d’un poste d’agent de développement est beaucoup compliquée à réaliser. Elle doit être précédée d’un diagnostic fin. Faites-vous aider par un conseil extérieur.

Thierry Nauleau


Pour recevoir davantage de contenus sur le bénévolat et le financement des associations sportives, abonnez-vous à la newsletter LES BÉNÉVOLES DU SPORT. Indiquez ci-dessous votre adresse e-mail. Merci.

Le bénévolat est un levier essentiel de la pérennisation de l’emploi sportif

1 Commentaire

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.