La phrase que j’entends le plus souvent à la fin d’une formation est « … cela nous a permis de lever le nez du guidon ». Cette constante de la gestion d’une association sportive n’est pas une fatalité. Elle est aussi à la source du bon fonctionnement des clubs. Explications.
« Le nez dans le guidon », origines
Contrairement à ce que l’on peut lire sur Internet, le fardeau ressenti par les dirigeants n’est pas dû au fait qu’ils seraient mal organisés ou mal formés. Je sais ce qu’est la gestion d’une association sportive depuis les années 90. Jamais les dirigeants n’ont autant bénéficié de formation de la part de leur réseau fédéral et jamais les outils numériques n’ont été aussi nombreux. C’est la charge de travail qui a augmenté dans des proportions phénoménales.
Pour la sécurité et la règlementation des activités, on demande aux associations le même niveau d’exigence que pour une structure du secteur marchand. Le travail à réaliser est similaire alors qu’il est exécuté par des bénévoles. Si l’association dispose d’un ou plusieurs éducateurs sportifs salariés, cette charge est encore accrue.
Le travail incombe toujours aux mêmes personnes. Il faut saluer le courage de ces bénévoles qui ont conscience de la nécessité d’honorer toutes leurs obligations dans les délais.
« Le nez dans le guidon », témoin du bon fonctionnement d’un club
Un dirigeant qui se plaint d’avoir en permanence la tête dans le guidon est un bénévole consciencieux. Les choses sont faites dans les délais. Il n’est pas suffisamment reconnu pour cela.
Bien sûr le revers de la médaille renvoie à deux problèmes récurrents : La difficulté à répartir le travail et la difficulté à trouver des personnes qui acceptent de s’engager dans la durée. La question est plus subtile que le simple fait de ne pas déléguer. La difficulté de déléguer renvoi à la peur que le travail ne soit pas fait. Alors que la difficulté à répartir tient bien souvent à un manque d’administrateurs qui acceptent de faire le travail.
Pourquoi lever le nez du guidon ?
Les tâches du quotidien sont souvent des tâches d’exécution, répétitives et incompressibles. Il y a deux cas de figure plus fréquents. Le premier est celui du dirigeant usé. On le décèle à la tendance à procrastiner. Le travail bénévole quotidien ne permet la récupération physique. Il a besoin de « lever le pied ».
L’autre cas est le choix des orientations à long terme. Les sujets stratégiques, comme la création d’une nouvelle activité, la formulation d’un projet sportif, la création d’un premier ou d’un nouvel emploi, ou encore l’ouverture d’un nouveau site de pratique, ces sujets exigent de prendre des informations extérieures et le temps de la réflexion. Pas seulement réfléchir pour l’exercice, mais pour que le projet murisse.
Chaque association est différente. Ne serait-ce que par le contexte local, économique ou démographique. Vouloir reprendre une solution utilisée par une autre association sans penser à votre contexte propre, c’est vous exposer à des conséquences imprévues.
Avant chaque nouveau projet conséquent, posez-vous les questions suivantes. Est-ce adapté à notre cas ? Avons-nous les compétences et les moyens ? Et comment allons-nous faire pour … ?
Comment lever le nez du guidon ?
Dans les deux cas, il faut être accompagné. Il faut partager le travail pour trouver le temps nécessaire. Pour les choix à long terme, un œil extérieur peut vous faire gagner du temps. La mise en évidence de vos lacunes ou de vos points forts vous permet de vous rendre compte de ce que vous ne voyez même plus. C’est aussi la possibilité d’acquérir de nouvelles connaissances.
Les mots clés sont l’ANTICIPATION et la PLANIFICATION. N’attendez pas le dernier moment. Et réservez un temps dans la semaine, toujours le même, pour mener le travail préparatoire au choix. Cela dépend beaucoup du niveau de priorité que vous accordez à la question.
Pour reprendre l’introduction, ce n’est pas moi qui permets à des gens de prendre du recul. Ce sont eux qui ont choisi de le faire.
Thierry Nauleau
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