Quel dirigeant de club n’a jamais ressenti la lassitude face à l’ampleur de la tâche ? Le découragement face au manque d’entrain de vos bénévoles ? Le stress et la surcharge de travail ne sont pas les seules causes qui conduisent à un burn out.
Le Burn Out, ou syndrome d’épuisement, guette aussi le dirigeant bénévole. Je l’ai vu en club, à plusieurs reprises. Il touche le plus souvent les personnes qui ont du mal à déléguer. Soit qu’elles ne peuvent pas, soit qu’elles acceptent mal de déléguer. Il existe quelques solutions pour éviter de tomber dans le piège, et pour vous aider à en sortir.
Comment le détecter ?
Les président(e)s en sont victimes plus souvent que les autres bénévoles, parce qu’ils portent un projet et une vision du club, et que beaucoup se sacrifient pour que l’association fonctionne.
Si le burn out du dirigeant associatif se manifeste d’abord par un épuisement nerveux, cela peut aller jusqu’au stade de l’épuisement physique. L’engagement associatif n’est pas la seule activité de l’individu et ses autres activités, professionnelles ou familiales, peuvent servir de soupape.
Il se traduit souvent par l’envie de tout arrêter, par une démission ou par une explosion de colère. Les burn out de dirigeants ne se ressemblent pas. Tout dépend de la personnalité et de ce que vit le dirigeant.
Auto diagnostic
Le surmenage s’installe insidieusement. C’est la raison pour laquelle celles et ceux qui en sont victimes ne s’en aperçoivent pas suffisamment tôt. Le cheminement comme les causes sont assez proches de celles que l’on trouve en cas de stress professionnel.
Si vous travaillez souvent seul pour le club et qu’un état de fatigue persistant s’installe, vérifiez par vous-même si ce ne sont pas les indices d’un surmenage qui pourrait dégénérer. Cet article de France Info présente un questionnaire qui permet de comprendre l’enchainement des signes révélateurs.
- Surmenage
- Fatigue
- Sentiment d’inefficacité
- Irritabilité
Au stade du burn out, l’individu a parfois une réaction violente que le langage courant traduit par le « pétage de plomb ». Certains laissent tout tomber, d’autre sont agressifs. C’est l’accumulation de fatigue, de déceptions, de frustrations qui fait exploser la personne. Elle dépasse sa capacité à géré. L’émotion prend le pas sur le rationnel.
Le savoir permet d’éviter d’envenimer une situation ou un conflit naissant.
Risque accru avec le covid-19
Schématiquement, on observe deux attitudes des clubs vis-à-vis du confinement :
- Les clubs qui se sont mis en sommeil
- Ceux qui ont cherché à anticiper la reprise d’activité
Ce confinement, les incertitudes liés à la reprise et les changements perpétuels d’organisation sanitaire constituent une surcharge indiscutable.
Cela concerne principalement les personnes qui agissent le plus souvent seules. Les démarches d’information et de mise en œuvre des actions de prévention sanitaire, qui s’ajoutent à la préparation de la saison ou à la pleine saison estivale, peuvent contribuer à leur faire attendre la limite de leurs capacités.
Comment en sortir ?
L’écoute et l’attention que se portent les administrateurs et éducateurs entre-eux est la meilleure prévention possible. Il n’est pas nécessaire d’attendre d’en être au stade final pour réagir. Si vous constatez que vous êtes seul à travailler sur plusieurs sujets, c’est qu’il y a un problème.
Dans une association, nous sommes censés faire les choses ensemble. Si vous vous retrouvez seul à faire une ou plusieurs tâches, cela veut dire que vous acceptez cette situation.
Travailler en équipe
Il n’est jamais trop tard pour constituer une équipe. Parfois l’effet couperet suffit à mobiliser de nouveaux bénévoles. Plusieurs clubs ont évoqué ce cas de figure : »c’était ça où bien le club disparaissait« . Mais il est plus facile de prévoir les choses au commencement d’un mandat :
- Est-ce que tous vos bénévoles travaillent au moins en doublon ?
- Est-ce que les tâches sont équitablement réparties ?
- Personne ne veut absolument s’occuper de plusieurs tâches ?
- L’information circule-telle convenablement entre tous les bénévoles du club ?
Cela vaut aussi pour les postes qui à priori ne requièrent pas de doublon, comme le trésorier.
Susciter l’envie de s’impliquer pour le club se travaille au quotidien. Et cela commence par rappeler à tous quel est le projet de club.
- Pourquoi avons-nous choisi de rejoindre l’association ?
- Qu’est-ce qui fait que nous aimons à travailler ensemble ?
- Où va l’association ?
- Quelles sont les transformations attendues à court terme ?
- Qu’est-ce que cela implique pour les adhérents et les bénévoles ?
Apprendre à déléguer
Le partage des tâches est essentiel dans une association. Il faut accepter que chaque personne réalise ou organise le travail différemment.
Pour bien déléguer, il faut fixer le cadre (quel résultat attendu et à quelle date ?), s’assurer que la personne dispose du minimum de savoir-faire pour exécuter ses tâches (la transmission ou formation), et qu’elle dispose des moyens pour réaliser ce que l’on attend d’elle.
Déléguer en association consiste avant tout à s’assurer que la personne a les moyens de réaliser la tâche.
Et non pas la tâche en elle-même.
Recadrer ceux qui ne font pas leur part du travail
J’entends souvent qu’une association ne se gère pas comme une entreprise. C’est vrai. Mais le fait que l’on travaille ensemble à la réalisation d’une œuvre collective exige que chacun fasse ce que l’on attend de lui dans le temps imparti.
Comme l’explique bien Matthieu Poirot, psychologue et docteur en gestion dans cette vidéo, si dans une organisation avec un mode de fonctionnement « à la cool » on laisse les gens tranquilles, la structure n’est pas efficace. Des tensions peuvent naître de cette situation.
D’une part vous avez dans les clubs des personnes surinvesties. et par ailleurs, vous avez des bénévoles qui n’ont pas exactement la même motivation. Il est facile d’imaginer un dirigeant déjà fatigué, s’agace d’attendre sans cesse qu’une partie du travail qui ne vient pas.
L’exemple est pris pour une école de gestion mais tout à fait être transposé pour une association. Les 28 premières minutes sont instructives.
La circulation de l’information est essentielle au bon fonctionnement d’un club. Par le passé, j’ai connu un club qui s’accommodait des libertés prises par son salarié parce que « c’était compliqué à gérer« . Sur qui croyez-vous que le travail retombait ?
Dans un club le résultat est moins important que la façon dont on travaille.
Recadrer ceux qui ne font pas leur part, voire les remplacer, est souvent un mal pour un bien. Cela évite aux dirigeants bien des tracas.
Prévenir le burn out du dirigeant est facile lorsque l’écoute et l’attention est naturelle dans un club. Par contre, lorsque des clans se forment, cela impacte autant le fonctionnement que le ressenti par les adhérents. Ne restez pas seul si vous sentez qu’un surmenage s’installe. A vouloir trop bien faire, votre surcharge de travail peut devenir un risque pour le club : celui de perdre un maillon efficace de son fonctionnement.
Thierry Nauleau
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