Quelle communication pendant le confinement ?

20 Avr 2020 | Communication | 2 comments

Le succès en communication nait de la rencontre entre votre message, la réponse à la préoccupation de votre destinataire, et le bon moment, celui où votre destinataire est réceptif. Voilà pourquoi quelques clubs ont réussi des percées remarquables pendant le confinement. A l’aide d’exemples nous allons voir ce qu’ils ont proposé et comprendre les raisons de leurs succès.

Une première phase de sidération

Durant les trois premières semaines du confinement, les gens se sont retrouvés brutalement coupés de leur monde. Ils ont perdu leurs repères. Avec l’arrêt des activités, les deux tiers des associations sportives se sont mis en sommeil[1]. Même les dirigeants ont eu besoin de prendre du temps pour eux.

Le confinement a coupé les liens sociaux physiques que nous entretenions. Enfermés, beaucoup de gens ont ressenti du stress et l’angoisse consécutive à cet enfermement soudain, auquel personne n’était préparé.

Leurs préoccupations sont tournées vers l’immédiat : comment gérer les enfants à la maison ? Comment vont mes proches ? Que faire de tout ce temps ? Que sera demain ? Pour d’autres, les questions d’argent sont devenues sensibles.

Ce qui explique le succès des media sur la crise (le besoin de comprendre) et celui des premiers soutiens aux soignants (le besoin, rassurant, de se sentir défendu, protégé).

Combler le vide : comment s’occuper ? Comment se divertir ?

C’était les principales préoccupations du moment. Et c’est ce qui explique le succès des directs, des vidéos ou des défis, des challenges.

Le Redon Basket a dès le début du confinement lancé des défis et des programmes d’entretien physique. Pierrick Le Corre, l’un des éducateurs du club, nous explique le principe du succès.

P L C : Très vite, on a voulu que les gamins ne nous oublient pas. On se demandait s’ils allaient revenir au club en septembre. On a discuté avec quelques collègues sur ce que l’on pouvait proposer. L’idée était aussi de toucher les parents, dont une majorité nous suit sur Facebook.

On a lancé les Skills Redon Challenge, sous forme de vidéos sur Facebook et de story Instagram pour les plus jeunes, et des fiches de Workout Challenge, qui sont des séries d’exercices pour les ados et les adultes, à faire chez soi pour garder la forme. »

Quels retours avez-vous eu ? P L C : On met des sondages sur nos challenge Instagram pour savoir si ça leur plait. Les parents aiment. On travaille aussi avec les écoles en envoyant les liens aux instituteurs qui les utilisent aussi. Et la communauté grandie, on a gagné 15 abonnés sur Instagram et plus de 40 sur Facebook depuis le début du confinement.

Qu’est-ce qui explique ce succès selon toi ?

P L C : On était un des premiers clubs à faire ça. Ça a joué au début. Les premières vidéos ont été très virales. Sur les 2 premiers ont a eu plus de 2000 vues, maintenant c’est retombé à 400 vues par vidéo. C’est quand même bien plus que ce qu’on faisait avant.

A Redon, Les stories Instagram ont la cote auprès des 15 -17 ans

C’est bien le contenu, une proposition en phase avec les attentes du public, qui génère l’audience.

Garder la forme

Autre moyen qui marche très fort, la séance vidéo en direct. William Lainé, entraineur de la SNHS à Draveil (91) a profité de son savoir-faire de tutos vidéo pour proposer très vite, lui aussi, des séances de rameur en début de soirée.

William, qu’est-ce qui t’as incité à lancer ces séances en direct ?

W L : On voulait garder un lien avec nos adhérents et comme on faisait déjà des tutos, j’ai organisé la séance pour la réaliser en live sur YouTube. On a juste envoyé un e-mail et une info sur Facebook et c’est tout de suite parti très vite.

L’engouement est dingue. Les gens chattent énormément dans le chat des directs vidéo. Tout le monde se réuni et ils se parlent dans la boite. Ça va au-delà de l’animation sportive. Les gens restent plus longtemps que le temps de la séance. Certains se connectent et ne font pas la séance. Ils sont là pour chatter.

Quels retours as-tu de ces séances ?

On avait entre 110 et 210 personnes sur chaque séance, mais l’audience augmente avec le temps. J’ai des centaines de mail par jours de gens hyper satisfaits. Ça créé du lien social. C’est juste énorme !

On était à près de 4000 abonnés à la chaine YouTube au début du confinement, et là on a dépassé les 6000 !

Attention : on est en présence d’un concept d’évolution de la pratique sportive !

Être solidaire

Autre grande préoccupation du moment : pouvoir faire quelque chose, en particulier pour aider les soignants.

Les quelques clubs qui ont lancé leur action dès le début du confinement ont réussi à sortir du lot. La taille du club ne compte pas ! Ainsi le club de foot de Hunspach, en Régionale 3, a lancé une cagnotte pour réunir des fonds pour venir en aide au personnel du centre hospitalier intercommunal.

Julien Guth son président, nous explique que l’intention de départ était de récolter entre 500 et 1000 euros. Au 18 avril montant de la cagnotte est de 4494 euros !

J G :  On l’a communiqué par e-mail et Facebook. C’est tout ce qu’on a fait. Ensuite l’information s’est propagée par le bouche à oreille. Les gens avaient vraiment envie de faire quelque chose.

Même motivation de départ et même propagation spontanée à Thouars. Comme le précise Alain Blot, l’un des co-présidents du club de Basket (en N1M).

A B : « Nous voulions organiser une collecte pour aider les soignant du Thouarsais. Elle servira à fournir une aide sous la forme d’achat de matériel, destiné aux médecins et aux soignants hospitaliers. Nous avons 3 pôles de santé locaux. Ils en ont bien besoin. L’élan est partagé, le foot, le handball, le judo, la gymnastique et le roller nous ont vite rejoint dans la démarche. » 

Pour eux aussi, le succès a dépassé leurs espérances.

Pourtant, la communication a été des plus simples : Facebook, le relais de la presse locale. Et le bouche à oreille a fait le reste. Apportant la preuve que c’est bien le contenu, une proposition en phase avec les attentes du public, qui a généré cette audience.

Garder le lien avec les adhérents

Le point commun à ces 4 exemples est que leurs dirigeants avaient le souci de garder le lien avec leurs adhérents.

Peut-on dire que les clubs qui n’ont pas communiqué ont manqué une occasion ? Oui, si j’en crois les retours que m’ont fait les personnes que j’ai appelé. Les rares e-mails envoyés ont généralement été suivis de remerciements, voire d’une correspondance plus suivie.

Car ce qui importe en pareilles circonstances, c’est l’attente de vos publics. Et tout ce qui pouvait les maintenir connecté à leur vie d’avant est apprécié. Ce qui avait pour objet de servir l’intérêt du club a moins bien été reçu.

Outre les trois thèmes citées précédemment, je vous donne quelques sujets qui ont fonctionné :

  • Demander des nouvelles des adhérents et abonnés. L’e-mail est bien mais le téléphone a été très apprécié.
  • Raconter ce que font les entraineurs et dirigeants du club pendant le confinement. En particulier montrer l’action de ceux qui se sont mis au service des autres https://covid19.reserve-civique.gouv.fr/
  • Demander aux abonnés de proposer des défis
  • Leur demander de raconter, par l’image ou par l’écrit, leurs meilleurs souvenirs avec le club
  • Des quiz ou un vote pour composer le 10 de légende du club

Certaines actions, comme l’appel au don pour financer le club, fonctionnent moins bien. Il existe des solutions bien plus rapides pour résoudre vos problèmes de trésorerie. Voir l’article dédié.

Les bénévoles sur qui vous allez compter pour la reprise

Tout le monde pense aux adhérents, mais que savez-vous de l’état d’esprit de vos bénévoles ? L’idée que le bénévole soit indéfectiblement motivé et corvéable à merci fait passer au second plan le besoin de les écouter.

Alors que c’est justement un moment important pour savoir comment ils ont traversé cette crise. Une personne fragilisée ne sera pas aussi disponible, aussi efficace après le confinement qu’avant.

Ils n’ont pas nécessairement besoin d’information descendante. C’est le dialogue qu’il faut privilégier, pour comprendre leur état d’esprit, les encourager, les préparer à la reprise le moment venu. C’est du cas par cas, du dialogue. Ne commettez pas l’erreur de les questionner par e-mail. Appelez-les les uns après les autres par téléphone.

Une incidence sur l’économie du club ?

L’absence de communication pendant le confinement aura probablement un effet sur l’économie des clubs, surtout avec l’incertitude que suscite la sortie du confinement. Beaucoup de clubs se posent la question : « les adhérents vont-ils revenir aussi nombreux ? »

Les clubs qui savent fidéliser ne devraient pas avoir de problème pour retrouver les adhérents lors de la prochaine rentrée. Parce que le lien avec le club et l’entraineur est fort, ils sont prêts à faire des efforts -pour leur club.

Par contre ceux qui ont en temps normal un turn-over supérieur à 30 / 35 %, eux auront plus de mal à attirer des habitués qui se poseront la question : est-ce que cela vaut le coup de payer pour une saison amputée ?

Le sujet mérite d’être traité. Je vous ai préparé une formation pour y remédier : Comment faire revenir les adhérents au club ?

Thierry Nauleau


[1]

Pour mémoire, 80% des associations sportives n’ont pas de salariés. L’arrêt de leurs activités à eu peu d’impact sur le fonctionnement.

Quelle communication pendant le confinement ?

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