Comment créer une nouvelle activité ?

15 Déc 2016 | Développement | 1 comment

Nous avons vu la semaine dernière que pour trouver de nouveaux adhérents il est nécessaire d’innover. Voici deux exemples mis en œuvre dans des clubs, qui ont trouvé leur public. Chacun avec une approche différente.

D’une part, la création de l’activité Coach Athlé Santé au sein de l’EFSRA à Reims, dont le point de départ a été le questionnement des pratiquants hors du club, afin de concevoir le service qui leur correspond. Et l’arrivée en France du Soft Volley, une forme de jeu proposée clé en main par la FFVB, importée du Japon d’autre part.

Gilbert Marcy, président de l’EFSRA décrit la genèse de ce projet. Retrouvez son témoignage dans le podcast à 12’53 le coach athlé santé.

Gilbert Marcy : « En 1998 le club créé un emploi jeune pour développer l’activité. Sa mission : aller chercher les gens qui couraient dans les rues de Reims et qui ne prenaient pas de licence dans les clubs, et les questionner sur les raisons qui les faisaient courir hors du club. La réponse générale fut très claire : ils ne venaient pas en club par ce que ce n’était pas intéressant. Une enquête plus détaillée a suivi pour comprendre les raisons du départ de certains pratiquants dès le début de saison. Elle a mis en évidence le fait qu’à l’époque les clubs ne parlaient que de compétition. Les clubs étaient structurés pour ne faire et ne préparer qu’à la compétition. Ces pratiquants ne voulaient pas de compétition. Même constat chez les jeunes. 10% seulement voulaient faire de la compétition, les autres souhaitaient seulement s’amuser avec les copains.

Aucune formation n’existait à l’époque à la fédération. Le club a donc développé des activités pour occuper les gens et leur permettre de se remettre en activité physique. Le concept s’est affiné pour parvenir à celui du Coach Athlé Santé tel qu’il existe aujourd’hui, à savoir un entraîneur capable d’entrainer les équipes de France mais aussi capable de prendre monsieur et madame tout le monde, à n’importe quel âge, et de les remettre en activité physique. On ne parle même pas de sport.

Ces pratiquants sont des gens qui se rendent comptent qu’ils sont mal à l’aise dans leur vie et qui demandent à ce qu’on les remette en état de fonctionner. On fait de l’écoute. L’encadrant doit aussi être psychologue. Mais on est passé ainsi de 0 à 400 personnes qui font de l’activité physique santé loisir. »

Le club s’est donc livré à une véritable action de marketing, au sens de connaitre les besoins des consommateurs. Deux phases clés ont été nécessaires à la réalisation de cette action. Tout d’abord une phase de remise en question de l’offre de service de l’association. C’est sans doute ce qui est le plus difficile pour les dirigeants de clubs, car cela est souvent pris comme une remise en question personnelle. En effet, sur le terrain ce sont les gens qui font la vie des clubs. Les clubs locaux sont avant tout des groupements de personnes qui œuvrent ensemble pour un but partagé, bien plus qu’elles ne sont des institutions.

Vient ensuite une étape de co-construction avec les pratiquants, du service final. Le club et les éducateurs structurent cette nouvelle pratique. C’est n’est que plus tard (septembre 2006) que la Fédération Française d’Athlétisme a lancé le concept tel qu’il existe aujourd’hui.

Le succès est au rendez-vous. 115 coach athlé santé (chiffre 2012) ont été formés dans toute la France. Et la marche nordique, l’une des pratiques phare de ce concept, s’est répandue et a pris son essor. Quelques témoignages sur la page de la FFA démontrent que ce service répond à une réelle demande.

L’arrivée en France du Soft Volley découle d’une logique plus verticale. Chrystel Bernou, CTS Bourgogne Franche-Comté de Volley-Ball et chef de projet Volley Santé à la FFVB nous décrit pourquoi et comment elle a proposé cette forme de jeu aux clubs.

Qui a eu l’idée d’importer en France le Soft Volley ?

Chrystel Bernou : C’est moi. Le point de départ, pour ma ligue régionale, était que les clubs puissent proposer une nouvelle offre de pratique.

Quel besoin cette pratique va-t-elle satisfaire ?

CB : Comme beaucoup de fédérations délégataires, le volley-ball est centré sur une pratique classique de compétition. Nous avons ensuite évolué, comme d’autres fédérations délégataires, pour proposer des formules « baby », adaptées aux plus jeunes. Mais je pensais qu’on pouvait essayer de trouver un nouveau public sur les primo arrivants, pour les catégories seniors et seniors + avec une pratique qui ne rebute pas. Nous avons beaucoup de commentaires et de craintes exprimés par ces publics, comme « les ballons qui font mal ; j’ai des lunettes ; j’ai peur de me retourner un doigt… ».

Le Soft Volley se pratique au japon où il y a beaucoup de pratiquants. En France, le Soft Volley se développe un peu partout sur le territoire. C’est une nouveauté de cette rentrée.

Quel est l’intérêt pour le pratiquant ?

CB : La FFVB propose une nouvelle pratique à travers le Soft Volley. C’est une activité intégrée dans le Volley Santé. Le but est que ce soit « un volley pour tous ou que chacun trouve son volley ! »

Le Soft Volley est accessible à tous les types de public car grâce aux ballons, l’activité s’adapte facilement. Au-delà du bien-être qu’apporte une activité physique, la pratique du Soft Volley permet de mixer les publics, prendre du plaisir à jouer, du partage, avec un effet positif sur le comportement et le psychisme.

Combien de clubs la proposent-ils déjà en France ?

CB : Si on parle de primo spécifique, il y en a une dizaine voire vingt. Si on parle de clubs qui font régulièrement des opérations, alors on peut doubler ou tripler ce chiffre. Il y a également des comités départementaux et des ligues qui lancent cette pratique.

Comment les clubs appréhendent-ils l’arrivée de cette forme de jeu ?

CB : Les clubs volontaires la prennent tous bien car il n’y a aucune obligation. C’est une proposition supplémentaire dans un panel d’offre existante. Nous n’avons que de bons retours.

Le soft volley ne remplace pas le volley-ball. On propose autre chose. Quand la pratique est bien adaptée, il n’y a aucune raison de changer la pratique traditionnelle. Les pratiquants du soft volley ne sont pas ceux qui pratiquent le volley-ball depuis 20 ans.

Au niveau du club, cela a-t-il un impact sur le recrutement de nouveaux licenciés ?

CB : Oui. J’ai même un club qui s’est créé et s’est affilié uniquement pour le soft volley. Nous n’avons pas de licence spécifique soft volley et il est donc impossible pour le moment d’en donner des statistiques. Il y a aussi des parents qui s’impliquent pour le soft volley. Le club créé un créneau de soft volley pour les parents en parallèle au créneau des jeunes. Au lieu d’attendre en tribune, on va aussi jouer au soft volley.

A quelles difficultés les clubs sont-ils confrontés ?

CB : La difficulté c’est de convaincre les volleyeurs pratiquants, ou alors le dirigeant qui est dans une logique de pratique classique. Il peut y avoir un souci pour obtenir un créneau supplémentaire de gymnase et Il y a aussi la question des ballons. Tous les modèles ne sont pas encore distribués en France. Donc la ligue de Bourgogne Franche Comté les fournis. Le filet est plus bas, le terrain est plus petit. En fait il n’y a pas de grande complication.

Dans ce deuxième exemple, la FFVB a importé, telle quelle, une pratique qui avait du succès outre-mer. La demande n’était pas exprimée spontanément en France, mais l’écoute des cadres fédéraux a permis d’identifier les caractéristiques d’une pratique propre à satisfaire les attentes des séniors et séniors +.

Le premier point commun entre les deux concepts est qu’ils se sont adaptés aux attentes d’une catégorie de population.

L’autre point commun est qu’ils permettent aux clubs d’apporter du temps d’encadrement supplémentaire à leur éducateur sportif salarié. Une action pour laquelle ils sont plus efficaces que pour des tâches administratives ou diverses. Comme je l’ai mentionné dans l’article Comment calculer le juste prix de vos tarifs, un emploi d’éducateur sportif doit reposer sur une base suffisamment large d’adhérents payants.

Thierry Nauleau

Pour en savoir plus :

>> les infos soft-volley sur le site FFVB

>> Le site de l’EFSRA

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