Numérique, digitalisation, blockchain, innovation. L’avenir du sport sera numérique ou ne sera pas ! L’innovation a du bon lorsque qu’elle permet un gain pour l’organisation : un gain de performance pour les athlètes, un gain de temps pour les bénévoles d’un club, gagner une nouvelle clientèle, oui. Et cela suppose que l’assimilation de l’innovation se fasse dans des conditions propices.
Quelles sont les conditions de réussite pour un club sportif de l’assimilation d’une innovation ?
L’assimilation d’une innovation dans une organisation bénévole doit réunir trois conditions principales :
- qu’elle réponde à un besoin réel,
- qu’elle procure un gain mesurable,
- et que les acteurs acceptent de l’utiliser.
Or la plupart des innovations numériques ne répondent pas à ces trois conditions cumulées. La plus difficile est sans conteste l’acceptation par les acteurs de terrain, dirigeants ou cadres techniques des structures sportives.
L’aspect humain est souvent oublié dans les processus de transformation digitale.
Combien de nouveaux outils fédéraux inadaptés aux personnes chargées de les mettre en œuvre et qui génèrent plus de mécontentements que de satisfaction ? La contrainte de les utiliser ne signifie pas que l’outil est véritablement adopté.
La transformation numérique dans le monde sportif produit généralement un bénéfice pour l’utilisateur final : le sportif. En court-circuitant la chaine de valeur pré-existante : le club, les enseignants, les tutos YouTube, les objets connectés et les applications mobiles de coaching apportent plus de liberté au pratiquant dans le choix des moments ou de l’intensité de sa séance.
Le risque est réel pour certaines pratiques individuelles, de voir disparaitre des clubs qui n’auront pas su montrer leur valeur vis-à-vis du numérique.
Deux raisons majeures expliquent le retard du monde associatif à l’utilisation d’outils numériques de coaching, de communication ou de gestion. D’une part ces outils sont généralement conçus pour l’utilisateur ou le consommateur final, et d’autre part les acteurs censés les utiliser, ou les promouvoir, ne sont pas familiers du monde numérique.
L’évolution s’est faite trop rapidement. La structure du club et les hommes n’étaient pas prêts.
Les clubs sportifs ont une capacité à créer de la valeur
Le risque de l’uberisation du sport de masse se fait plus précis chaque semestre. Les fédérations et les clubs qui tentent l’aventure numérique ne prennent pas suffisamment en compte la capacité des clubs de proximité à créer de la valeur autour de leur cœur d’activité.
L’indicateur de valeur d’un club sportif local est son taux de fidélisation des adhérents. Nous connaissons presque tous des clubs qui ont réussi à se développer de façon spectaculaire, et bien souvent avec une utilisation réduite (voire nulle) des outils numériques.
Avant d’innover, les dirigeants de ces clubs ont pris le parti de la pertinence d’un projet sportif adapté à la population de leurs adhérents, d’une attention portée au pratiquant, quel que soit son âge ou son niveau sportif, d’une ambiance et d’un état d’esprit que les outils numériques n’ont pas la capacité de créer, mais seulement d’enregistrer ou de quantifier.
L’évolution numérique est une formidable opportunité pour les clubs sportifs. A condition que l’évolution de ces clubs les ait préparé à les intégrer. D’autres sujets sur les transformations sont à venir. A suivre.
Thierry Nauleau
0 Comments