« En matière de fidélisation, c’est toujours l’adhérent qui décide de se réinscrire ou pas. »
La fidélisation des jeunes est importante d’un point de vue économique, car elle fournit des ressources plutôt constantes à l’association. Elle l’est aussi du point de vue sportif.
Entretien avec Jean-Francois Pontlevé, CTC rugby dans les Hauts-de-France sur l’approche des clubs de rugby.
TN : Bonjour Jean-François. A quoi les jeunes rugbymen sont-ils sensibles ?
JFP : Les enfants sont sensibles au jeu et à l’équipement qui leur est fourni. Nous cherchons à faire en sorte que l’enfant puisse s’identifier à son club. Le port d’une même tenue pour tous est essentiel. Cela permet de reconnaitre immédiatement une personne du club quand on se déplace.
On cherche aussi à ce qu’il y ait identification à l’entraineur. Si l’enfant prend du plaisir dans l’activité, il se souviendra toute sa vie de son premier entraineur.
TN : Cette notion de plaisir est centrale dans une perspective de fidélisation …
JFP : Oui. Dans le rugby, on place le plaisir tout en haut des valeurs. Et on se donner les moyens de susciter ce plaisir chez l’enfant. Il y a le plaisir du jeu et le plaisir de la convivialité. Prendre le temps de rire avec les copains. Ça va au-delà du vivre ensemble. On cherche à créer des liens. Les déplacements en car permettent d’apprendre à se connaitre, de s’amuser, de chanter. L’animation est essentielle.
TN : on vient pour apprendre à jouer et on reste pour les copains …
JFP : il y aussi l’importance du club house, pour tous les joueurs même les petits, qui découvrent la convivialité au travers des goûters. On créer une dynamique autour du groupe. On demande aux parents d’amener les enfants et on leur demande de venir le chercher au club house. Après le goûter. C’est obligatoire. D’abord pour une question de sécurité. Pour ne pas laisser les enfants repartir seuls. Mais on profite du moment pour créer du lien avec les parents. Avec le temps certains deviennent bénévoles, d’autres sponsors du club.
A Compiègne (le RCC), quand on a relancé les goûter, on est passé de 50% de taux de fidélisation à 80% sur l’école de rugby. Multipliez les cotisations par le nombre de gamins, ça fait une belle enveloppe. Après on voit ce que l’on veut en faire. Mais c’est de l’argent qui peut aussi être réinvesti dans un salaire d’éducateur. Juste par la fidélisation.
La notion de plaisir est déterminante dans la première année de vie au club
Lorsqu’un enfant ou un adulte vient s’inscrire dans un club, il ne connait ni les règles, ni les personnes, ni le fonctionnement du club. Tout est inconnu. Et si la personne ne passe pas rapidement à la notion de plaisir, l’abandon est la voie de sortie logique, de son point de vue.
Il se peut aussi que la personne ait choisi ce sport parce qu’elle s’en faisait une certaine image, qui ne correspondait pas à la réalité. Dans ce cas les abandons sont rapides.
Mais pour celles et ceux qui veulent persévérer dans un sport, la notion de plaisir est essentielle. L’entretien avec Jean-François montre que la convivialité vaut aussi pour les plus jeunes. Cette facette de l’activité d’un club est désormais incontournable.
Progrès et plaisir sont indissociables pour le pratiquant
La convivialité ne fait pas tout. Je rencontre toujours des pratiquants, y compris dans les sections loisirs, qui sont en demande de conseils pour rester à leur meilleur niveau. Le sentiment de régression est à l’origine de beaucoup d’abandons. Et lorsque la convivialité ne suffit pas à combler cette insatisfaction, le pratiquant se pose deux questions : « Ai-je envie de continuer ? Et en ai-je pour mon argent ? »
La confiance en soi
La confiance en soi est nécessaire dans le processus d’apprentissage. Elle vient avec la maîtrise du geste. La relation avec l’enseignant influence cette confiance. On sait qu’elle est déterminante plus tard dans la notion de performance.
Le club est un lieu de vie
Il ne doit pas être seulement un lieu où l’on vient pratiquer et d’où l’on repart sitôt l’activité terminée. Les clubs qui ont développé cette facette de la vie associative ont de meilleurs taux de fidélisation, moins de problèmes économiques, et ils ont moins de difficultés à trouver des bénévoles.
Ce n’est pas toujours simple lorsque les installations sont partagées entre plusieurs associations.
Thierry Nauleau
En savoir plus >> Une formation pour que vos adhérents aient envie de se réinscrire
0 commentaires