Relance du sport amateur : en club ou avec une application ?

23 Mar 2022 | Développement | 1 comment

L’état, les collectivités, les fédérations et d’autres acteurs privés veulent la relance des pratiques sportives. Chacun pour des raisons différentes. Cette logique d’intérêt est souvent éloignée de ce qu’attendent vraiment les pratiquants. Dès avant les confinements, des outils numériques permettaient de faire du sport autrement.

Que peuvent faire les associations sportives pour rester attractives pour les adhérents ?

Envie de liberté

Après deux ans de privations, le public a envie de revenir faire du sport. Mais ce retour ne prend pas la même forme pour tous. Si les jeunes ados reviennent en force dans les clubs, les grands ados et jeunes adultes sont moins présents dans les statistiques de licenciés.

Font-ils moins de sport ? Ou bien ont-ils choisi de faire du sport autrement ?

Cette volonté de faire du sport autrement, la liberté de choix du moment et de l’intensité, s’exprimait déjà nettement avant les confinements. L’arrivée simultanée des applications sur mobile et des vidéos tutoriels a facilité cette évolution.

État des lieux : le sport amateur absent de la proposition d’appli mobiles

Le sport n’échappe pas au développement de l’économie numérique. Il y a désormais des applications pour tous les domaines d’activités et de loisirs sportifs, et des dizaines d’application de gestion du sport. Pour le pratiquant, la liberté offerte par les applications est parfois le prétexte à délaisser son club.

Le secteur marchand s’est approprié ce marché. Rares sont les associations sportives qui ont développé leur propre application. La formation et le perfectionnement est pourtant au cœur de leurs activités. Elles disposent du savoir-faire, mais pas des outils de développement.

Ce que le secteur marchand a compris, c’est la nécessité de diversifier et enrichir une offre qui n’avait pas évolué depuis des lustres.

Ce qu’apporte l’usage d’une appli mobile à un pratiquant

Les applications les plus téléchargées sont les applications de suivi d’entrainement. Comme Sport Tracker, Strava ou Decathlon coach. Elles s’adressent à un public qui pratique en solo ou en communauté numérique.

Le coaching y figure en tant que produit d’appel mais ce sont surtout de très bons outils de captation de données statistiques. Et nombre de sportifs, y compris de clubs, les utilisent en tant que telles.

On trouve aussi des applications qui amènent le pratiquant à développer de véritables aptitudes techniques et physiques.

L’entrainement du footballeur est une application française qui me semble répondre assez précisément aux attentes des pratiquants. Et bien notée par ses utilisateurs : Une chaîne YouTube vient compléter l’application mobile.

Son créateur, Karim Tharwat, coach spécialisé dans l’entraînement et la préparation du footballeur, répond à nos questions.

Bonjour Karim. Quels services l’application apporte-t-elle à ses abonnés ?

K.T. : « L’application l’entraînement du footballeur comme son nom l’indique apporte les ressources d’entraînement au footballeur. Elle est centrée sur l’approche de l’entraînement individuel. Donc en dehors du club. Elle se compose d’articles, d’exercices, de programmes d’entraînement ainsi que de conseils. »

Selon vous, une application change-t-elle la façon de faire du sport ?

K.T. : « Une application sur l’entraînement ne vient pas substituer un coach mais elle permet de profiter d’une partie de son expertise en tout temps et en tout lieu. Elle vient orienter la pratique sportive je dirais et non l’encadrer. Un sportif utilisant une application est souvent davantage motivé dans sa pratique. Il se donne des objectifs et voit le sport de façon ludique.

Une application est de même pratique dans la mesure où elle rassemble des ressources ou fonctionnalités qu’on aurait cherché un peu partout sur internet. Une application peut donc rendre le pratiquant plus autonome et plus assidu dans son sport. Donc oui elle change la façon de faire du sport ! »

Le pratiquant motivé, qui est à la recherche de tout ce qui pourra augmenter sa performance, va se tourner vers ce type de services.

Les clubs comme les prestataires de ce type de services ont intérêt à suivre et fidéliser cette catégorie de joueur, dont la motivation est supérieure à la moyenne. Leurs ambitions et leur consommation de sport également. Satisfaits, ils deviennent de formidables ambassadeurs.

L’obsession numérique des fédérations

Poussées ou charmées par les entreprises du numérique, les fédérations sont fières de proclamer leur transition numérique ou digitale. A bien y regarder, cette transition est le plus souvent une transition d’outil plus que d’approche.

La prise de licence en ligne n’apporte rien de nouveau au pratiquant. Elle permet aux fédérations une acquisition, une centralisation et une exploitation plus rapide des données, mais ce sont les mêmes formulaires qu’auparavant, avec très souvent le même niveau de détail.

La communication vers les licenciés reste verticale. L’investissement dans les réseaux sociaux est souvent centré sur l’autopromotion de la fédération et de ses athlètes. Pas suffisamment sur l’envie de jouer et sur l’interaction avec les pratiquants.

Ce que veut le public

Nous ne sommes pas tous sortis du même moule ! Les attentes sont variables d’un individu à l’autre. Le pratiquant sportif du 21ème siècle attend désormais une attention, un service sportif personnalisé.

Il veut un cadre de pratique séduisant et valorisant. Il veut la liberté de pratiquer au moment où il le souhaite et avec l’intensité qu’il désire. Il veut essayer ou pratiquer de nombreuses activités. Il veut enfin être acteur de sa vie.

Ce que peuvent faire les clubs amateurs

Première étape : L’information et la réservation de créneaux de pratique

Le club de tennis de table de Thorigné Fouillard est en train de développer une application qui proposera aux licenciés du club et des clubs environnants la réservation de créneaux d’utilisation de la salle dédiée au ping, et la réservation de temps d’entrainement individuel.

Nathanaël Duros, entraineur salarié en contrat d’apprentissage au club, précise que l’application proposera également des informations sportives pour le club, des appels à l’action des bénévoles, la composition des équipes, ou les horaires des entrainements.

Cette application répond au besoin d’un contexte local et particulier. Une étude de l’environnement et des besoins doit précéder la phase de programmation pour garantir un minimum d’utilisateurs.

Deuxième étape : des apports pédagogiques

La communication et la pédagogie sont à peu de chose près restées ce qu’elles étaient au vingtième siècle. L’enseignement proposé est passé du papier au support en ligne. Mais l’interaction, la relation avec l’enseignant n’a pas vraiment évolué.

Quelques clubs se sont lancés dans la conception d’une application mobile. Thierry Stempfel, le président du Volants des 3 Frontières que nous retrouverons prochainement en podcast, pose d’emblée les difficultés de la tâche : « Aujourd’hui on est face à une vraie démocratisation des contenus et ils sont disponibles à profusion. Le pratiquant ou le parent a besoin d’une information immédiatement accessible, que ce soit pour un détail, comme apprendre à compter les points, ou bien découvrir l’ensemble de l’offre de service. »

D’autres ont créé des contenus vidéos. J’aime citer la réussite de William Lainé que j’avais accompagné avec son club d’aviron dès 2016. Sa chaine YouTube consacrée au coaching sur rameur compte désormais plus de 27 000 abonnés.

L’apprentissage en club restera quelques temps encore un atout. A ce jour, rien de séduisant et efficace ne remplace la présence physique du coach, son œil expert, pour apprendre rapidement les fondamentaux d’un sport .

Certains clubs font progresser l’enseignement à la marge. Le numérique permet notamment d’apporter des contenus aux pratiquants, alors que l’entraineur n’a pas la disponibilité de le faire.

Les applications mobiles et les tutoriels existant permettent d’enrichir les capacités d’enseignement. Les entraîneurs et moniteurs peuvent en tirer parti pour faire progresser leurs athlètes et les fidéliser.

Thierry Nauleau

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