Le financement des associations sportives non-employeuses – première partie

20 Nov 2023 | Économie | 3 comments

La grande majorité des associations sportives fonctionnent uniquement avec des bénévoles. Elles aussi ont des difficultés économiques. A la suite de l’article de la semaine dernière, je traite aujourd’hui des difficultés économiques des associations sportives qui fonctionnent sans salarié. 

Pour comprendre comment améliorer les finances d’une association, il faut comprendre les causes de ces difficultés. C’est l’objet de cette première partie. 

Une volonté commune de pratiquer au moindre coût  

A la sortie de la seconde guerre mondiale et dans les trente années qui ont suivis, la majorité des associations sportives ont choisis de pratiquer une activité sportive à moindre coût. Je ne m’étends pas sur l’historique du mouvement sportif, pour cela je vous renvoie à la lecture de l’article assez complet de Patrick Bayeux. J’évoque simplement les propos recueillis auprès des associations que j’ai accompagné au cours des 20 dernières années. 

Ce choix résulte bien souvent des difficultés économiques et du faible niveau de revenu des ménages de la deuxième moitié du vingtième siècle. À l’époque les bras et les bonnes volontés ne manquaient pas. Les distractions et Internet n’existaient pas. 

Les fondateurs voulaient que les enfants du village ou du quartier puissent pratiquer leur sport avec une vision ou une culture particulière. Ce que l’on nomme aujourd’hui le projet associatif. Ces motivations étaient variées, mais il y avait déjà une volonté partagée de faire du sport au moindre coût. 

Cette valeur fondatrice a perduré. De tous temps, les associations sportives ont cherché les trucs et astuces qui leur permettaient de dépenser moins. Je dirais même qu’elles sont devenues expertes en la matière. Mais cette compétence s’est faite au détriment de la capacité à faire rentrer l’argent dans les caisses. Au point même qu’à une certaine époque, les gens étaient nettement opposés à toute action à caractère commercial. Les sources de recettes des clubs étaient celles des adhérents et les subventions. 

Aujourd’hui encore, cette valeur d’accessibilité financière au plus grand nombre prévaut. Les dirigeants ont évolué et cherchent désormais à développer les ventes de marchandises et de services. Les faibles résultats obtenus les découragent bien souvent. La cause de ces échecs est le manque de compétences dans un environnement qui impose d’actualiser sans cesse ses compétences. 

La disponibilité insuffisante des infrastructures sportives 

Le nombre d’équipements sportifs est la plupart du temps insuffisant au regard du nombre d’habitants sur le territoire. La conséquence est que les créneaux affectés aux associations sont eux aussi insuffisants. Rares sont les clubs qui disposent d’un équipement en propre. Plus rares encore, les associations qui sont propriétaires de leur équipement. 

Le problème est purement mathématique. Avec un nombre de pratiquants contraints dans un temps limité, ont atteint vite les limites des capacités d’accueil des adhérents. C’est une des raisons qui ont conduits les associations à développer des ressources extra sportives. 

Mais pour que cela fonctionne, il faut des bénévoles et des compétences. Il m’est arrivé de constater que certaines associations passaient plus de temps à organiser leurs actions extra sportives qu’à organiser la pratique sportive. Selon l’expression bien connue, “le nez dans le guidon” on ne s’aperçoit pas des dérives du fonctionnement. 

Comment améliorer la disponibilité des infrastructures ? La réponse est toujours dans le dialogue avec les collectivités territoriales. La possibilité de s’affranchir de cette limite n’est possible qu’à la marge. Néanmoins, elle permet bien souvent de résoudre une équation économique compliquée. 

Le manque de bénévoles 

Par fatalisme, de nombreuses associations sportives ont baissé les bras devant le manque de vocations pour devenir encadrant sportif. Plusieurs générations de bénévoles se sont succédées et ont ancré l’idée que le renouvèlement des entraineurs était naturel. Au tournant des années 1980 / 1990, la création des premiers contrats aidés (TUC, CES, Emplois jeunes) ont lancé la vague de la professionnalisation de l’emploi sportif. On a remplacé des bénévoles par des salariés … le temps des aides. Arrivé à l’échéance des aides à l’emploi, les bénévoles s’en étaient allés. Bien des associations se sont trouvées dans une situation pire qu’avant. Certaines ne s’en pas remises et continuent de vivoter. 

Les vocations ne vont pas de soi. Il fait les susciter et les encourager. Le renouvellement des bénévoles, et en particulier celui des cadres sportifs est le principal enjeu des associations sportives. 

Le projet associatif qui n’est plus en phase avec les attentes des adhérents 

Les attentes des pratiquants évoluent plus rapidement que le projet associatif. Elles ont d’ailleurs tendance à évoluer de plus en plus vite. Une tendance forte que j’ai observé ces dernières années est le fait que les pratiquants loisirs attendent de la part de leur club un encadrement sportif et des conseils de qualité. Au regard de cela, il reste de nombreux clubs qui proposent une pratique loisir encadrée mais autonome, c’est à dire sans les conseils formateurs d’un entraineur.  

De nos jours le pratiquant est à la recherche de son meilleur niveau de pratique. En fonction de son âge, de ses moyens et de sa disponibilité. Sans progrès l’abandon de la pratique est presque inéluctable. 

Vous pouvez détecter ce désintérêt en mesurant vos taux de fidélisation. 

La semaine prochaine, nous verrons quelles sont les conditions de réussite pour que les finances d’un club 100% bénévole restent à l’équilibre. 

Thierry Nauleau

Le financement des associations sportives non-employeuses – première partie

3 Comments

  1. David Ingham

    Greetings.

    Do you have this content in English at all?

    Many Thanks
    David

  2. Thierry Nauleau

    Hello David, no sorry, but you can read my pages from the Google Chrome browser which offers automatic translation. Sincerely.

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