Quels modèles économiques pour pérenniser l’emploi sportif ? 

13 Nov 2023 | Économie | 1 comment

La question posée lors du forum de l’innovation de la FF Savate, Boxe Française et disciplines associée concerne de plus en plus d’associations qui choisissent de s’engager dans la professionnalisation de l’encadrement sportif. 

La question du modèle économique peut se reformuler par comment allons-nous financer nos activités ? Pour financer correctement une action ou une dépense, il faut s’intéresser à la nature de cette dépense. 

Une charge fixe prioritaire 

La principale conséquence économique de la création d’un emploi, c’est la création d’une charge fixe supplémentaire annuel d’un minimum de 25000 euros, pour un emploi à temps plein. 

Une charge fixe est une dépense que doit supporter l’association, quel que soit son niveau d’activité. Un salaire et les charges salariales qui y sont associées, sont des dépenses que l’association doit honorer de façon prioritaire et très régulièrement. 

Cet engagement de dépenses prioritaire doit être couvert par des recettes fiables et les plus stables possibles. C’est la raison pour laquelle je préconise de financer l’emploi sportif, dans l’idéal, par des ressources qui sont générées par le cœur d’activité de l’association. 

Pourquoi ne pas intégrer du mécénat ?  

Le mécénat ou les autres formes de partenariats ont en commun qu’elles peuvent être rapidement remises en question. Elles sont par contre tout à fait appropriées pour financer d’autres actions. En particulier les compétitions qui sont aussi par nature soumises à l’aléa sportif. 

Les autres ressources extra sportives sont généralement très variables. Il devient alors compliqué d’établir des prévisions pour financer un emploi à vocation pérenne. 

Les conditions favorables à la création d’un emploi 

Le besoin d’emploi doit être argumenté et intégré au projet du club. Un emploi ne se créé pas dans l’urgence. Il est le fruit de l’évolution des besoins d’encadrement, et de la capacité financière de l’association. Autrement dit l’anticipation vous aidera énormément. Par exemple en commençant à constituer un fond de pérennisation de l’emploi avant même sa création. 

L’autre retour d’expérience essentiel est le temps. Il faut en moyenne près de 3 ans pour qu’une association sportive puisse développer de nouvelles ressources à la hauteur des 25 000 euros de charges fixes que j’ai évoqués précédemment. Ce sera bien plus facile si vous sollicitez les aides à l’emploi. La principale étant l’aide d’état gérée par l’Agence Nationale du Sport, le dispositif “Créations Emploi ANS”. Il s’agit d’une aide de 36 000 euros répartie sur 3 ans.   

Cela vous apporte à peu près la moitié de l’effort annuel pour financer la masse salariale. Vous avez ainsi du temps pour développer les ressources qui vont compenser la fin de cette aide. Il existe parfois d’autres aides à l’emploi auprès des collectivités. Renseignez-vous. 

Comment pérenniser l’emploi sportif ? 

Le premier point commun aux associations qui se sont affranchies des aides à l’emploi est qu’elles ont toutes augmenté leur capacité d’accueil. C’est la solution la plus naturelle et la plus durable pour financer une hausse de charge de cette importance. Vous devrez faire évoluer vos tarifs, et la période de la création est même le meilleur moment pour le faire, mais l’exercice a des limites. Il y a donc un équilibre à trouver pour financer le poste.  

Le deuxième point commun à ces associations est qu’elles ont développé le bénévolat. C’est inéluctable. Pour accueillir plus de monde il faut plus d’éducateurs, et pas seulement plus de temps d’éducateur. Les créneaux sur lesquels les jeunes adhérents peuvent venir pratiquer sont limités et les mêmes pour toutes les associations de la commune. Votre futur cadre sportif salarié aura la compétence pour superviser des cadres sportifs bénévoles. 

Des freins à la pérennisation 

Le premier des freins est la disponibilité des installations sportives et le manque de créneaux horaires de mises à disposition. Cela impact directement votre modèle économique. Certains clubs peuvent disposer d’installation dédiées, parfois même à 100% du temps. Mais dans la plupart des cas, l’espace et le temps sont partagés, à différents degrés. Cela explique pourquoi il n’y pas UN modèle économique mais qu’il existe autant de modèles économiques que de contextes différents. 

L’autre grand frein est la capacité des dirigeants à porter la fonction employeur. Selon mes propres sources, près d’un arrêt de contrat de travail sur quatre n’est pas dû à une raison économique mais à la difficulté de gérer un emploi lorsqu’on est dirigeant bénévole. C’est à dire lorsqu’on n’est pas sur place, et bien souvent pas formé à cela. 

Les autres freins sont liés pour l’essentiel aux compétences dont dispose l’association. Si vous voulez créer une action extra sportive, assurez-vous de disposer des compétences pour la réaliser. Faute de quoi les résultats seront décevants, vous n’atteindrez pas les objectifs de attendus et vous démotiverez votre équipe. 

Thierry Nauleau

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