Les retours d’expériences en témoignent : les clubs sportifs amateurs sont bel et bien entrés dans une nouvelle phase de la crise économique, qui est la conséquence directe des deux confinements.
Phase 3 : Puiser dans les réserves
Après la sidération du premier confinement et le choc d’une une chute conséquente du nombre de licenciés à la rentrée, les clubs qui avaient bien surmonté la première crise commencent à puiser dans les réserves. Cela ne vous inquiète pas ? Question à long terme : comment vont-ils reconstituer ces réserves ?
Exprimé en nombre de jours d’activité, le niveau de réserve des clubs employeurs est généralement très faible, quand il n’est pas purement inexistant. Il y a une raison structurelle à cela : la plupart des emplois ont été créés grâce aux aides à l’emploi. Et pour cause. Leur modèle économique ne leur permettait pas d’absorber l’augmentation des charges fixes que représente un poste d’éducateur sportif. La transformation de leur modèle économique exige du temps. Un temps si long que de multiples facteurs peuvent enrayer le processus de pérennisation.
Les réserves financières sont faites pour absorber les difficultés. Cette fois la difficulté survient après deux phases totalement inédites pour l’économie du sport.
Phase 1 : La sidération n’encourage pas l’action
Le premier confinement s’est plutôt bien passé pour les clubs sportifs. Mais ce n’est pas une généralité. L’arrêt des compétitions leur a permis de réaliser des économies de frais de déplacement et d’arbitrage. Dans le même temps la plupart des tournois et manifestations de fin de saison ont été annulés.
Avec des conséquences parfois déroutantes, les clubs qui ont vu arriver l’exercice bénéficiaire n’ont pas sollicité les aides auxquelles ils avaient pourtant droit. Parfois en vertu de la solidarité, mais encore souvent à cause de cette vieille idée reçue qu’une association ne doit pas faire de bénéfice. Lisez ma contribution pour y mettre fin.
La perte de licenciés n’a pas que des conséquences économiques.
Phase 2 : une rentrée sous le signe d’une perte de confiance
Un tiers des clubs (35%) a organisé des animations à distance pour garder le contact. Les autres se sont mis en sommeil vis-à-vis des adhérents. C’est parmi ce contingent de clubs que nous trouvons aujourd’hui ceux qui déplorent des pertes de licenciés. En moyenne -26% nous dit le CNOSF, pour les 74% qui déclarent constater une perte de licenciés. Mais là encore, il existe une telle diversité de situation qu’il convient de ne pas généraliser.
La perte de licenciés n’a pas que des conséquences économiques : réduction du nombre d’équipes pour les sports collectifs, organisation de stages ou compétitions compromises. A terme, la crainte est que le niveau sportif diminue.
Le plus inquiétant est la perte de confiance des familles et des pratiquants. L’incertitude explique en grande partie le défaut de renouvellement des inscriptions.
Les clubs qui ont su conserver l’intérêt des pratiquants, amplifier le lien entre ces derniers et l’association, ont surmonté l’écueil et engrangé un capital de confiance qui va les aider pour la suite.
Les autres souffrent, mais personne ne peut les blâmer.
Le paradoxe des aides
Nous entrons dans une troisième phase, dans laquelle les clubs n’ont pu organiser leurs habituelles actions lucratives qui permettent d’équilibrer le budget. Les clubs employeurs bénéficient d’aides variées et à action rapide, là où les clubs sans salarié n’ont d’autre choix que de faire appel au Prêt Garanti par l’État (PGE) en cas de difficulté urgente de trésorerie.
Ceux qui le peuvent commencent à puiser dans les réserves. Mais dans le climat d’incertitude qui caractérise notre époque, comment envisager l’avenir ?
La raison d’être des réserves est de permettre aux structures de traverser les crises. Qui peut dire aujourd’hui si la saison ne sera pas de nouveau interrompue avant l’été. Et qu’en sera-t-il de 2021 ?
Pourtant les clubs sollicitent peu les aides que l’état, et les collectivités leur proposent. C’est là un paradoxe inattendu quand on sait l’intérêt que portent en temps normal les dirigeants aux subventions.
Reconstituer les fonds propres
En l’absence de visibilité sur les recettes traditionnelles, les aides spécifiques au contexte Covid sont les seules sources de revenu qui apporteront, cette année, une forme de prévisibilité aux clubs.
En limitant l’impact sur les charges fixes des employeurs, toutes les aides qui se rapportent aux salariés doivent être exploitée.
L’aide la plus appropriée à ce que vivent les clubs est à mon avis le fonds de solidarité du gouvernement. Et ceci pour deux raisons majeures :
- Elle est calculée sur une perte de chiffre d’affaires. Pas seulement mois par mois, mais aussi par comparaison avec le chiffre d’affaires mensuel moyen de 2019. Autrement dit, les clubs employeurs peuvent la plupart du temps en bénéficier tous les mois.
- Son versement intervient en moyenne dans un délais de sept jours. Oui, 7 jours.
Elle est de plus comptabilisée comme une subvention. C’est une façon, certes très opportuniste, de reconstituer les fonds propres de l’association.
La variété des aides est telle, certaines voient leurs conditions d’exigibilité changer périodiquement, qu’il devient compliqué de s’y retrouver.
Thierry Nauleau
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