Globalement le renouvellement des équipes dirigeantes se fait bien dans les associations. Mais il n’est pas rare que des présidents aient du mal à trouver un successeur. Pourquoi et comment malgré tout trouver une personne capable de prendre la relève ?
Prenons comme exemple l’AGM Gym Vesoul. Philippe Salomé en est le président depuis 199… Il est aussi président du club omnisports éponyme où les clubs y sont organisés en fédération d’associations et globalement, elles fonctionnent correctement. Le niveau sportif est satisfaisant. Mais Philippe Salomé ne parvient pas à trouver un remplaçant pour sa «casquette Gym». Il nous a accordé une interview pour faire progresser le débat.
Pourquoi devient-on président ?
Philippe Salomé : Comme c’est le cas dans d’autres associations, il n’y avait plus personne pour assumer le poste. Cela a été le cas avec l’AGM Gym et pour l’omnisports également.
Qu’est-ce qui fait que l’on reste président ?
PS : C’est parce qu’on ne veut pas abandonner en cours de route. On aime participer à quelque chose qui se construit. J’ai remarqué que la durée de la présidence est un gage de bon fonctionnement pour les sections ou les associations. Un autre facteur de solidité est lorsqu’un couple est impliqué dans le fonctionnement d’un club.
Pensez-vous être un président disponible pour tous ou un président toujours à la tâche ?
PS : mais les deux !
A quel moment avez-vous voulu passer la main ?
PS : Cela fait 4 ans.
Et à l’époque, quelles ont été les réactions de vos administrateurs ?
PS : Personne ne s’est senti concerné. Certains m’ont dit après coups avoir été tenté d’y aller à deux. J’ai dû recourir à une annonce qui a eu un effet couperet. En général je recherche parmi les parents des enfants qui réussissent, quels sont ceux qui s’intéressent au fonctionnement du club.
Et pour la prochaine échéance ?
PS : Cette fois je suis bien décidé à ne pas me représenter au comité directeur. Il faudra bien qu’ils trouvent un remplaçant.
Si l’on se réfère aux principaux freins à l’engagement bénévole, on trouve dans l’exemple de l’AGM Vesoul quelques similitudes.
Trouver un successeur implique un échange entre le président en place et les adhérents. Pour comprendre pourquoi il est parfois difficile de trouver des candidats, il faut aussi adopter le point de vue du candidat, qui parfois s’ignore.
Tout d’abord pour trouver un successeur il faut faire le savoir. Tout président en poste y vient à un moment ou un autre, mais beaucoup retardent le moment de faire cette annonce. Ils y rechignent. C’est très souvent lorsque la lassitude est trop forte, que les années passant, la charge de travail devient insupportable qu’ils se résignent à demander un successeur. Anticipez l’échéance en vous donnant un horizon lié à l’aboutissement d’un projet, une date clé ou tout événement qui marque la fin d’un processus.
Plaçons-nous maintenant du point de vue des adhérents. Nous avons un président investit et qui fait très bien le travail. S’il ne dit rien, pourquoi objectivement irions-nous prendre cette responsabilité ? Avons-nous déjà pris des responsabilités ? Nous en a-t-on confié ? Que savons-vous et que voyons-nous du fonctionnement du club ?
Si les dirigeants renvoient involontairement une image d’un personne constamment occupée par ses fonctions, cette image est suffisamment repoussoir pour que la plupart des administrateurs ou bénévoles refusent de prendre la présidence. La solution consiste à déléguer tout ce qui peut l’être.
La société a changé. Du point du vue du bénévole, celui qui il y a vingt ans s’engageait sans contrepartie pour une cause ou une œuvre collective, est aujourd’hui fréquemment impliqué dans plusieurs structures. S’il est assez facile de trouver des bénévoles occasionnels, le centres d’intérêt personnels prennent le pas sur un engagement à plus long terme.
Comment encourager un engagement à long terme ?
Il faut créer les conditions de cet engagement. Il faut pouvoir en susciter l’envie. Lorsque le président délègue, alors ses collaborateurs prennent confiance en eux et en leur capacité d’animateur ou de dirigeant.
La bonne question est : pourquoi a-t-on du mal à déléguer ? il y a deux réponses. La première est que les dirigeants craignent que le travail ne soit pas aussi bien réalisé que s’ils l’avaient fait eux même. La seconde est plus difficile à avouer mais ne pas déléguer est aussi une façon de conserver un pouvoir de direction ou certaines prérogatives attachées à la fonction.
Lorsque le bénévolat va, tout va ! Lorsqu’un club tourne bien, on a envie de participer à une œuvre valorisante. C’est humain. Aussi efforcez-vous d’organiser le bénévolat à tous les niveaux du fonctionnement. Depuis le parent, bénévole occasionnel, jusqu’aux piliers du club. Plus vous responsabilisez vos bénévoles, à tous les échelons, plus ils seront dans une démarche autonome.
La solution est dans l’implication des bénévoles, la délégation des missions et la responsabilisation de chacun. Ou comme nous le disons en formation, chacun doit comprendre quelle est sa place et son rôle au sein du club.
Parmi les autres facteurs, l’ambiance générale du club peut-être un frein puissant à la prise de responsabilité. Ou au contraire, en être le moteur lorsque la situation est telle qu’il faut absolument changer les têtes si l’on veut que l’association survive.
L’ambiance d’un club est le résultat d’une alchimie complexe dont le liant est la communication. Si la communication est culpabilisante, alors la mayonnaise ne prend pas ! L’ambiance est souvent meilleure et la convivialité plus développée dans les clubs de province, car tout le monde s’y connait. Si ce n’est pas le cas dans votre club, organisez des moments pour que les gens se rencontrent et apprennent à se connaitre.
Pour beaucoup, l’on devient président par l’amour d’un club et par l’envie de faire bouger les choses. Vous trouvez d’autant plus rapidement un successeur que vous communiquerez et agirez dans ce sens.
Et vous, avez-vous des difficultés à trouver un successeur ?
Thierry Nauleau
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