Un certain nombre de clubs constate déjà une augmentation des demandes d’inscription à la suite des succès français aux jeux olympiques. Comment gérer cet afflux lorsque les capacités du club sont déjà atteintes ?
Une demande en augmentation modérée
Les médailles et les images de nos athlètes aux jeux olympiques ont de quoi enthousiasmer. Dans les clubs, les présidents constatent bien une augmentation de la demande mais elle est modérée. Elle est évidemment variable selon les territoires et les disciplines, mais la fourchette qui est avancé le plus souvent est de l’ordre de 5 à 10%. Avec aussi des clubs qui ne voient aucun changement. Nous reviendrons sur ce cas de figure dans un prochain article.
Attention, je ne dispose pas de statistiques suffisamment significatives pour dresser un bilan généralisé. Ce qui suit reflète uniquement les échanges avec mes contacts dans les clubs, les comités et les offices des sports.
Il semble que les sports collectifs aient attiré de nouveaux pratiquants, mais pas autant qu’à la suite d’une coupe du monde. L’effet JO est plutôt à chercher dans la population des jeunes adultes, qui selon les cas cherchent une pratique loisir ou une pratique compétitive. Certains présidents me parlent du retour au club de personnes qui avaient arrêté la compétition.
En natation, la demande pour les écoles de nage reste stable à cette époque de l’année. C’est du côté des compétiteurs que l’on voit quelques demandes supplémentaires, notamment pour des adultes.
Influence du contexte local
Dans les territoires ruraux, il n’y a pas d’augmentation inhabituelle de la demande de pratique sportive. La plupart des associations qui faisaient déjà l’effort de proposer des activités périscolaires sont dans une dynamique qui est attractive pour les parents.
Le problème de ces associations qui comptent parfois moins de 100 licenciés, c’est qu’ils n’ont pas les moyens de recruter un éducateur sportif salarié. Ils doivent donc compter sur les cadres sportifs bénévoles. C’est souvent le point faible de ces associations. Former un éducateur, ou même un initiateur prend du temps. Quoi qu’en pensent les fédérations, le temps réclamé pour la formation est, du point de vue du bénévole, le premier frein à l’engagement d’un parent bénévole. Le second est l’éloignement des lieux de formation.
Une présidente pense que « les JO vont favoriser les clubs professionnels et les « grands » clubs nationaux qui ont des moyens financiers, des encadrants professionnels et qui bénéficient d’infrastructures à volonté. »
Il manque toujours des infrastructures pour le sport amateur
C’est LE point qui met tout le monde d’accord. Sauf pour les clubs qui disposent d’un équipement dédié pour la pratique de leur sport, presque tous les clubs interrogés déplorent le manque de créneaux. Le problème ne date pas de cette année. Il est récurrent. C’est le point sur lequel les dirigeants se sentent les plus impuissants. Ils peuvent mobiliser et former des bénévoles, ils peuvent faire la promotion du sport et attirer des pratiquants, mais ils ne maitrisent absolument pas la question des infrastructures.
En territoire rural, il faut une dynamique démographique substantielle pour que les collectivités (à cette échelle ce sont souvent les communautés de communes) envisagent la création d’un équipement partagé.
Dans le cas des petites et moyennes villes, la question du budget est souvent invoquée pour ne pas construire d’équipement. Le budget de fonctionnement des équipements existants n’incite pas à la création d’un nouvel équipement. Les coûts de rénovation sont exorbitants. C’est probablement à cette échelle que les besoins sont les plus difficiles à satisfaire.
Les grandes villes qui disposent d’un environnement économique florissant ont relativement moins de problèmes pour gérer le sport amateur. Mais le contexte économique actuel incite encore des villes importantes à réduire le budget sport.
Refuser ou inscrire les nouveaux licenciés ?
Le refus est souvent dicté par la volonté d’offrir une pratique sportive de qualité. Des créneaux horaires qui ne soient pas saturés. Les dirigeants pensent aussi à leurs entraineurs bénévoles à qui on demande beaucoup et qui atteignent souvent leur limite de disponibilité. Le refus émane presque toujours des clubs qui sont à la limite de pouvoir créer un poste d’entraineur salarié.
La majorité des personnes qui m’ont répondu n’envisage pas de refuser du monde. « C’est contraire à nos principes », résume un président de compagnie d’arc. Ce qui résume assez bien l’opinion générale.
Les dirigeants préfèrent s’organiser, quitte à faire des concessions sur les conditions de la pratique. Ce qui veut dire plus de monde sur chaque créneau horaire et plus de monde pour le même nombre d’éducateurs sportifs.
J’ai relevé deux cas de clubs qui ont par le passé préconisé aux personnes en surnombre de s’inscrire dans un club voisin. A la condition de faire un suivi de ces personnes, notamment de les rappeler à quelques semaines de la rentrée et de leur accorder une priorité d’inscription, la chose est très bien comprise et admise. Ces clubs-là sont généralement déjà dans une logique de fidélisation de leurs adhérents.
Enfin il est aussi préconisé de s’ouvrir à de nouveaux publics, qui ont des besoins et des disponibilités différentes ; à de nouveaux modes de pratiques, à l’image du Ping en extérieur. C’est la stratégie qu’avait anticipé et préconisé la fédération de tennis de table avant les JO.
Thierry Nauleau
(crédit photo: FFTT)
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