Cette deuxième crise économique après l’épisode COVID-19 pourrait être plus difficile à supporter par les associations sportives.
Si pendant les confinements les clubs amateurs ont plutôt bien supporté l’arrêt forcé des activités, certaines associations n’ont pas reconstitué leurs réserves. C’est le cas pour les clubs 100% bénévoles qui n’avait pas droit au fond de solidarité. Ils représentent 86% des associations sportives en France (source INJEP).
A l’époque, les associations ont dû puiser dans leurs réserves pour équilibrer les comptes. Aujourd’hui, la situation est différente mais les conséquences sont similaires :
Les recettes 2023 /2024 sont fortement impactées
La majorité des encaissements se font au moment des adhésions, en début de saison. Hormis les sports de nature, cela se passe en septembre. Les budgets prévisionnels ont été fait pour les AG de juin et juillet 2022. On ne parlait pas encore des conséquences des hausses de prix. Et comme les budgets des clubs sont calculés à l’équilibre, il n’y a pas eu d’anticipation.
Depuis on observe que les commerçants et artisans sont en difficulté. Ils sont les premiers soutiens privés des associations sportives. Déjà des sponsors renoncent à soutenir les clubs. Parfois les entrepreneurs ne répondent même plus aux appels…
Les communes aussi ont vu leurs charges exploser et cherchent partout où elles peuvent faire des économies. Cela se traduit par l’annonce de baisses de subventions pour l’année 2023.
Enfin les factures des fournisseurs augmentent inévitablement dans tous les domaines. Si les associations ont largement recours au système d’abandon des demandes de remboursements des frais kilométriques, les locations de minibus augmentent bel et bien.
Les charges augmentent et les ressources ne suivent pas. Les associations puisent à nouveau dans leurs réserves, qui sont forcément limitées.
Les premières conséquences, les premiers clubs en difficulté
Malheureusement, c’est sans grande surprise que l’on observe des clubs de niveau national en difficulté (ALL Jura Basket, Istres Provence Volley). Ce sont ceux qui cumulent les contraintes les plus fortes :
- Masse salariale conséquente
- + frais de déplacement liés à la compétition importants
- + dépendance aux aides publiques et aux partenaires privés.
Comme souvent, ce sont les structures les plus fragiles qui tombent en premier. Celles qui n’ont pas su ou pas pu reconstituer de réserves à la suite de l’épisode COVID.
Comment surmonter la crise à court terme ?
Tout d’abord il faut éviter le déficit et pour cela, il faut suivre sa trésorerie de très près. Au minimum une fois par semaine si vous soupçonnez que la situation n’est pas bonne. Le but est d’éviter les déficits de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Moins le déficit est important, plus les solutions sont nombreuses.
Car il n’existe pas de recette magique ! La personne providentielle qui accepte de payer de sa poche la dette du club est une exception. Il est plus vraisemblable de compter sur la générosité des adhérents. Cette solution ne marche que si le déficit est raisonnable.
Préparer le long terme
La crise surmontée, il faut penser immédiatement à l’avenir. Les subventionneurs ne voudront pas soutenir un club dont le modèle économique n’est pas pérenne, ou fragile. C’est là qu’il faut penser à la notion de fragilité de la nature des recettes de l’association.
On le voit en ce moment, les entreprises ont du mal à honorer leurs engagements de sponsor. Diversifier les recettes des associations sportives par des activités qui ne relèvent pas de leurs compétences ne fonctionne pas. Car il n’y a pas que la compétence qui compte. Le contexte local et économique entre en jeu.
Les clubs résilients sont ceux qui sont capables de générer des recettes par leur propre activité. En premier lieu l’enseignement des pratiques sportives, l’entrainement et l’organisation des compétions. L’environnement de pratique permet aussi de générer des revenus. Une grande salle de sport, des installations sportives modernes ou un club house permettent d’attirer plus de public, plus de consommations, et plus de richesse qu’un gymnase mal chauffé. La communication aussi sert la pérennité économique de l’association par le rayonnement de cette dernière. C’est par la communication que les futurs pratiquants auront envie de venir au club… ou pas.
Chaque aspect de la vie du club se travaille. La diversité des pratiques permet de fidéliser. Elle génère aussi des revenus souvent plus rentables que l’adhésion de base. Elle suppose que l’encadrement sportif permette cette diversification. La formation est donc essentielle dans une perspective de pérennisation.
La communication est ce qui donne envie de s’inscrire au club, de venir voir les matchs, de participer à un stage. Elle est complémentaire au bouche à oreille.
Tout cela suppose une réflexion en profondeur du projet de club.
Vers des clubs plus résilients ?
La principale caractéristique d’un club résilient est sa capacité à reconstituer ses réserves. Ce sont ces réserves qui lui permettent de traverser les crises mieux que ses concurrents. Peu importe que l’on fasse de la compétition où pas. Il existe des clubs pérennes aussi bien chez les amateurs que chez les professionnels ou les semi-professionnels.
Pour qu’une situation change, il faut changer de projet ou d’organisation. Il est illusoire d’espérer qu’après la crise, toute redeviendra comme avant.
Thierry Nauleau
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