D’un confinement à l’autre : différences et conséquences

23 Nov 2020 | Communication | 1 comment

Quelque chose a changé… Ce confinement est différent du premier. La vie est presque normale pour beaucoup d’entre-nous : les enfants vont à l’école, le confinement n’est pas total et bien moins respecté que le premier. Il n’y a plus ce sentiment de sidération. Il fait place à l’exaspération. La solidarité envers les soignants ne s’exprime plus.

Il est tout de même rassurant de voir que ce mot de solidarité est encore à l’ordre du jour de bien des associations. Pas nécessairement de façon ostentatoire, mais dans les newsletters, et les prises de décision.

Moins d’angoisses et plus de revendications

L’expérience du confinement a déjà été vécue. Exception faite des catégories professionnelles qui subissent les fermetures administratives, les gens ressentent moins d’angoisses que lors du premier épisode.

Près de la moitié des séniors, parfois conseillés par leur médecin, ont préféré ne pas se réinscrire dans leur club par peur des risques de contamination. En dépit des efforts des structures pour respecter les normes imposées.

Encore une fois les championnats sont compromis. Les clubs et fédérations qui privilégient la pratique compétitive vont souffrir.  Les adhérents sont dépités et résignés pour la plupart.

Même si le sujet a atteint la sphère médiatique pendant le premier confinement, les demandes de remboursement partiel ou total ont été finalement peu nombreuses du point de vue des clubs au sortir de la saison précédente.

3 réactions face à l’interruption des activités en club

  • Il y a les amoureux du sport et de leur club. Les fidèles. Ceux qui le suivront quoi qu’il en coûte.
  • Il y a les sportifs qui aiment le sport pour ce qu’il leur apporte, à titre personnel, ou pour leurs enfants. Ce sont des consommateurs suiveurs. Ils ne vont pas forcément réclamer quelque chose au club, mais ils ne vont pas non plus s’investir spontanément pour le club.
  • Et il reste ceux que j’appelle les pratiquants opportunistes. Le sport est pour eux un produit de consommation. C’est de cette catégories que provient l’essentiel des demandes de remboursement.

Un manque d’anticipation de la part des clubs

Sauf exception, les clubs n’ont pris aucune disposition entre les deux confinements pour se protéger des demandes ultérieures de remboursement.

Les bonnes pratiques sont d’annoncer ce qu’il en sera des éventuelles demandes de remboursement, au moment de l’inscription. Mieux encore, vous pouvez inclure une mention dans vos statuts et votre règlement intérieur, comme je l’explique dans cet article. En prenant une adhésion au club, toute personne accepte de se conformer aux statuts. Il est donc important en cette période de communiquer sur cette question.

Faites-en sorte que chaque adhérent ne puisse pas dire : « je ne savais pas ». En la matière les inscriptions à distance, par internet, sont une porte ouverte à de nombreux litiges.

De nombreux messages de particuliers me demandent comment faire pour obtenir un remboursement de leur club. La plupart du temps cette demande est liée à un défaut de communication de la part du club.

Vous ne devez pas vous limiter à annoncer votre décision de remboursement ou pas. Vous devez l’expliquer et vous assurer que tous l’on bien comprise.

Le risque d’un cercle vicieux du désengagement est réel.

Des conséquences à long terme

Dans presque toutes les classes d’âge, on observe quelques individus qui se posent la question de leur pratique sportive. Certains se disent qu’ils peuvent bien vivre sans faire de sport.

Il y a déjà une perte d’intérêt pour la compétition car la dynamique est rompue. Une cascade de conséquences menace le sport amateur à moyen et long terme.

La baisse probable du nombre de compétiteurs va affecter le niveau sportif d’un nombre significatif de clubs amateurs. Le recul d’une à deux divisions peut entrainer la perte des aides liées aux résultats sportifs.

Sur une hypothèse de 25% d’adhérents en moins, ce ne sont pas seulement des recettes d’adhésions à prévoir mais des difficultés à organiser la pratique.

La crise touche durement les commerçants, premiers sponsors et mécènes des clubs amateurs

Le manque de moyens va inciter les bénévoles à redoubler d’efforts pour remonter la pente. Pour beaucoup de bénévoles dont le quotidien est déjà chargé. Le surcroit de travail peut entrainer une lassitude, puis l’abandon. Ceux qui restent n’en auront que plus de responsabilités et ne favorisera pas le renouvellement des bénévoles. Le risque d’un cercle vicieux du désengagement est réel.

Une crise de confiance

Les réseaux sociaux ont eu pour effet de doper les remises en question de la parole publique. Certains utilisent le doute pour déstabiliser là où il faut de la solidarité pour agir de concert. Efficacement.

On comprend combien la notion de confiance est vitale dans la relation d’un pratiquant à son club.

Depuis le premier confinement, les doutes sanitaires contribuent à écarter une partie des pratiquants des clubs de sport. Depuis la rentrée, les doutes sur l’organisation régulière de l’activité suscitent des demandes de remboursement.

Le dialogue avec les adhérents, et pas seulement la communication vers les adhérents, est à même de rassurer et de ramener la confiance.

Une vision à moyen terme pour s’en sortir

Les retours d’expérience montrent que les clubs qui ont entretenu un lien avec les adhérents pendant le premier confinement ont eu peu ou pas de difficultés à la reprise.

Les conséquences économiques vont devenir sérieuses au cours du deuxième trimestre de 2021 et se faire sentir pendant toute la saison 2021 – 2022.

Il devient vital pour les associations de renouer un dialogue avec les adhérents. Cela concerne autant les clubs qui sont actuellement frappés de fermeture administrative, que ceux qui sont ouverts sur les saisons printemps été comme les sports de nature. Le but est de comprendre l’état d’esprit, lever les doutes et ramener la confiance.

D’un point de vue économique, l’enjeu est la survie du club. Il est nécessaire d’établir des projections avec des baisses de recettes de – 25 à -50%. L’enquête du COSMOS révèle que, au 8 juillet 2020, seuls 34% des clubs, ligues et comités ont eu recours au fonds de solidarité et 9% seulement au Prêt Garanti par l’Etat (PGE).

L’incertitude caractérise l’époque que nous visons. Six mois de trésorerie d’avance ne suffisent pas pour garantir la survie du club. Si vous êtes éligibles, demandez le fonds de solidarité. Je vous explique pourquoi dans cette page.

Dans cette affaire, les clubs devront pouvoir exposer clairement comment ils voient leur avenir. L’enjeu sera de rassurer les adhérents, mais aussi leurs subventionneurs, fournisseurs et partenaires.

Thierry Nauleau

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