Les médias évoquent une hausse des demandes d’adhésions pour les associations sportives en cette rentrée post-JO. Mais ce n’est pas le cas partout. Comprendre pourquoi vous permettra de trouver des solutions si vous voulez que les choses changent.
Quelles sont les causes probables à partir de cas observés ?
Cause numéro 1 : le contexte rural
Heureusement le sport se pratique partout en France. Mais plus on s’éloigne des centres urbains, plus le maillage territorial des équipements sportifs devient diffus. La pratique sportive en milieux rural dépend de plusieurs facteurs que les associations ne maitrisent pas :
L’éloignement des lieux de pratique. Le public admet un certain temps de transport pour aller faire du sport ou emmener les enfants faire du sport. Au-delà du quart d’heure, l’attractivité du club s’effondre.
La disponibilité des infrastructures. Lorsque les salles de sport ou les terrains sont rares, le partage des créneaux horaires amène parfois les clubs à proposer des horaires impossibles à gérer lorsque que les deux parents d’un même foyer sont actifs.
L’évolution démographique. Lorsque le territoire perd des habitants, que ce soit par vieillissement ou par migrations professionnelles, le nombre de pratiquants potentiels diminue. Ce n’est que par l’attractivité que les clubs survivants peuvent conserver un nombre de licenciés suffisants pour maintenir un niveau de jeu capable à son tour d’attirer de nouveaux joueurs.
Cause numéro 2 : une capacité d’encadrement insuffisante
Seconde cause mais structurellement la plus importante : beaucoup de clubs manquent de cadres sportifs. C’est particulièrement sensible dans les clubs 100% bénévoles. Le manque de formateurs aura rapidement un impact sur la fidélisation des licenciés dans toutes les classes d’âge.
Si le cours est surchargé, l’enseignant ne peut accorder toute l’attention qu’il faudrait à chacun des licenciés. On peut l’observer dans les pratiques dites de loisir où après un rapide apprentissage, les licenciés ne bénéficient plus d’un coaching personnalisé.
L’abandon survient en l’absence de progrès technique ou du maintien à un certain niveau de jeu. La personne ne trouve plus d’intérêt au jeu en lui-même. Si l’ambiance de l’association et les personnes qu’elle côtoie lui sont sympathiques, alors elle restera. Dans le cas contraire, elle cherchera une autre activité sportive.
Cause numéro 3 : un effet post-covid à la saison 2023-2024
Dans environ 40% des clubs amateurs que j’ai rencontré l’an passé, j’ai constaté une augmentation sensible du nombre licenciés à la rentrée 2023-2024. Les dirigeants de clubs l’ont attribué à une reprise post-COVID tardive. Autant pour les jeunes que pour les adultes.
Cet effet de rattrapage peut masquer un potentiel effet JO. La bonne nouvelle est que, quelque soit la cause de ce regain d’intérêt, le club fait le plein de licenciés.
Cause numéro 4 : un projet club qui ne s’est pas renouvelé
Beaucoup de clubs sont restés dans un modèle ancestral de fonctionnement. Les dirigeants qui donnent la priorité à la tradition ne permettent pas au club de s’adapter à un monde en évolution, ni aux attentes des pratiquants plus exigeants. Une tendance à la baisse des effectifs sur une période d’au moins 10 ans doit vous alerter. Il y a quelque chose qui ne va pas !
C’est toujours l’adhérent qui fait le choix de s’inscrire ou pas. Enseigner le sport comme cela se faisait il y a 50 ans ne marche plus. Les apprentissages se doivent d’être ludiques, le public veut plus d’attention à son égard. L’environnement de pratique ne peut plus être médiocre. Les horaires doivent être adaptés à la disponibilité des gens et des familles en particulier.
Je note une tendance de fond mais qui reste selon moi un signal faible. J’ai constaté, et ce constat et partagé par de nombreux cadres sportifs dans des disciplines aussi différentes que des sports collectifs, individuels ou des sports de nature, que dès que l’on instaure une forme de jeu dans l’apprentissage, alors l’intérêt du pratiquant augmente. Ces pratiquants sont alors plus facilement fidélisés.
La question de la fidélisation est bien une question centrale dans la stratégie des associations sportives. Mais elle n’a toujours pas la place qu’elle mérite dans les projets clubs.
Thierry Nauleau
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